Une ville qui prend soin des aînés
Celui qui prend sa pension a encore beaucoup d’années devant lui, en fonction de son degré de formation et de la charge physique et mentale de sa carrière, et il peut profiter d’une « nouvelle vie ». Après des années de dur labeur, on le mérite bien. On veut s’occuper de ses petits-enfants, faire des sorties et se détendre, faire des choses qu’on n’a pas eu le temps de faire auparavant. Les seniors veulent participer aussi longtemps que possible à ce qu’offre la société. Ils veulent continuer à mener une vie digne, sans crainte de tomber dans la pauvreté ou de manquer de soins. Ils ne doivent pas avoir peur de devenir une charge pour leurs enfants. La ville détient, avec les autres pouvoirs publics, les clés d’une pleine prise en charge des seniors. Elle peut exercer une fonction organisatrice pour les mutualités, les organisations d’assistance sociale, de soins à domicile et de seniors. Elle dispose aussi de son propre réseau de prestation de services, La période de crise du COVID a malheureusement mis en lumière les manquements de notre société à différents niveaux pour nos aînés. Et un manque de respect des besoins des seniors, qu’ils soient physiques, affectifs, psychologiques, sociaux,... L’isolement était encore plus fort, et les failles dans les soins au sens large encore plus visibles. Pendant cette crise, alors que beaucoup de personnes âgées étaient en partie ou totalement confinées, nous avons organisé des visites de solidarité avec le PTB pour essayer de casser cet isolement et, surtout, montrer que nos aînés comptent, font partie de la société et y ont leur place. Des visites avec de la musique sous les fenêtres de plusieurs maisons de repos de la région verviétoise, des dessins ou messages d’enfant qui leur étaient adressés, des biscuits ou autres douceurs pour se réchauffer le cœur et parce que la solidarité est la tendresse des peuples. Nos équipes ont aussi apporté leur aide et leur solidarité au personnel soignant, en fournissant des masques alors inexistants pendant des semaines au début de la crise, et pourtant vitaux pour se protéger et protéger les patients. Nos soignants qui étaient en première ligne, étaient eux-même abandonnés pendant cette crise, alors que leur rôle dans la société et pour nos aînés est essentiel.
L’urgence, un plan social offensif et solidaire pour lutter contre le « silver business ou Business argenté » Par rapport au pic de vieillissement, il y a urgence. La ville de Verviers ne se distingue pas de ce qui s’est fait à l’échelle du pays. Le pic des naissances, après la seconde Guerre mondiale, impliquait un pic du vieillissement d’une part importante de la population. En 75 ans, une politique de planification liée à cette réalité démographique aurait pu être menée, mais, comme toujours, la vision à court terme domine les décisions politiques. Le petit monde politique s’en remet aujourd’hui au privé, qui y voit un fameux pactole à se faire.C’est pourquoi on appelle cela la « silver economy », le business argenté, en référence à la couleur des cheveux.Ne dites plus un « aîné », mais « une part de marché », du fric à se faire. C’est d’un cynisme absolu. Les pouvoirs publics laissent faire, voire encouragent à la libéralisation.Bref, c’est le service minimum de la part du public, et encore, laissant le pouvoir au marché privé. Nous devons tout faire pour éviter cela. Des entreprises comme Orpea, une des multinationales faisant du « business argenté » a d’ailleurs été dans la polémique, en France puis en Belgique ensuite. En 2022, Orpea estime que la Belgique n'est pas un pays rentable pour l'exploitation de ses maisons de repos privées et annonce vouloir restructurer ses activités. Et ce, malgré les aides publiques qu'elle a reçues. La société, cotée en bourse, veut se réorganiser dans 10 des 23 pays où elle est présente, dont la Belgique qui se classe avec 9 autres dans la colonne des pays à « restructurer ou à sortir du portefeuille ». « La Belgique n’est pas rentable en tant qu’unité commerciale », a déclaré froidement la porte-parole d’Orpea Belgium. Voilà où nous a emmené le capitalisme.Par rapport à l’urgence et à la situation financière des pensionnés, nous voulons un plan social offensif et solidaire pour contrer le secteur privé qui fait augmenter tous les prix. Les prix pour un séjour dans un établissement de soins varient selon plusieurs critères tels que la situation géographique, le type d’institution ou encore la catégorie de chambre. En 2023, le budget mensuel moyen en Wallonie pour une maison de repos est de 1306 €/mois hors suppléments – par exemple les soins esthétiques, la blanchisserie, les boissons... Nous pouvons supposer que ce coût moyen mensuel continuera d’augmenter dans les années à venir.Début 2020, un salarié percevait une pension brute moyenne de 1.311,79 euros en tant qu’homme et de 1.024,81 euros en tant que femme, selon des données chiffrées rapportées par la VRT. Ces montants ne sont clairement pas suffisants pour que les Belges puissent vivre une vie confortable après la retraite, ni même uniquement pour qu’ils puissent se payer la maison de repos.La facture est salée. Pour qui sait la payer. Et ajoutons que la différence entre la pension et le prix de la maison de repos reposera sur les proches. S’il y en a…L’objectif n’est pas de bricoler et de laisser nos aînés dans les griffes du marché. Cette situation déplorable est tout à fait représentative du chaos des politiques libérales et sociales-démocrates, où le capitalisme fixe les règles du « jeu » au détriment des 99 % de la population. Nous sommes toutefois convaincus qu’il n’est pas encore trop tard pour mener une politique de planification, avec la construction de services d’accueil et de soins publics modulables, intégrant toutes les fonctions indispensables au confort des plus âgés. Ce n’est pas parce qu’on va sur la fin de sa vie qu’on devient un déchet et qu’on n’a plus droit à une bonne qualité de vie.
Ce que nous voulons
Un. Des logements et des soins abordables.
- Les prix pratiqués dans les secteurs publics doivent tenir compte du montant des pensions. Il est inconcevable qu’une maison de repos et de soins demande pour une chambre à 1 lit (wc, lavabo, douche) : 72,36 € par jour, ce qui représente 2243 euros pour un mois.
- Pas de bénéfices sur les soins ! Nous refusons la marchandisation du secteur des soins à la personne et de l’hébergement. Le secteur public doit prendre ses responsabilités, organiser l’offre de soins à domicile et construire des maisons de repos et de soins en suffisance.
- Une offre suffisante pour les soins à domicile : soins infirmiers, aide aux travaux ménagers, livraison de repas sains.
- Pour les professionnels de la santé qui se rendent à domicile, autorisation de stationnement gratuit partout dans la ville.
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Les prix pratiqués dans les secteurs publics doivent tenir compte du montant des pensions. L’hébergement en maison de repos ou en maison de repos et de soins doit rester un service public accessible financièrement à toute la population. Nous refusons la marchandisation du secteur des soins à la personne et de l’hébergement. Le secteur public doit prendre ses responsabilités, organiser l’offre de soins à domicile et construire des maisons de repos et de soins en suffisance. Nous voulons prévoir un service particulier dans le cadre du maintien à domicile et de l’hébergement des aînés en perte d’autonomie. Nous allons devoir mobiliser beaucoup d’énergie pour éviter des drames, de la souffrance pour les personnes concernées et leurs proches. Inventer de nouvelles manières de fonctionner et de financer des projets d’utilité collective. Une personne en perte d’autonomie pourra bénéficier des services de l’Union Verviétoise du Logement (cf. chapitre « Une ville où chacun est bien logé ») pour adapter son logement, et, si un jour elle ne peut plus y vivre, le mettre en location via celle-ci. Cela contribuera au financement de la construction de résidences-services sociales reconvertibles, où des locataires avec des pensions trop basses pour le privé auront leur place. Nous utiliserons tous les moyens possibles pour contrer le privé, les multinationales du vieillissement qui ne veulent que se faire un maximum d’argent sur le dos de nos aînés.
Pour les professionnels de la santé qui se rendent à domicile, nous voulons une autorisation de stationnement gratuit partout dans la ville.
Deux. Nous faisons la promotion de l’habitat « Kangourou » ou du logement intergénérationnel.
- Nous voulons promouvoir l’habitat « Kangourou ». Il s’agit de diviser une maison dont un propriétaire âgé accueillera un jeune, un couple, une famille, qui occupe l’étage, alors que la ou les personnes âgées occupent le rez-de-chaussée. Chacun a ainsi son « chez soi » et peut apporter ce qu’il peut à l’autre dans le cadre d’une cohabitation solidaire.
- Nous nous inspirons aussi de ce qui se fait en Alsace, avec la création de logements publics reposant sur le principe de l’habitat « Kangourou ».
- Enfin, nous voulons que la commune permette une subdivision officielle du logement pour éviter la perte de droit et de tomber sous le statut de cohabitant, comme cela s’est fait à Ottignies.
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Promouvoir l’habitat « Kangourou » constitue un type d’action rapide à développer car il demande moins de moyens financiers. Cette alternative lancée en Australie est aujourd’hui développée aux Pays-Bas et dans les pays scandinaves, en donnant de bons résultats. Le principe est simple et permet en prime d’offrir à des ménages un accès au logement en-dessous des loyers du marché locatif. Il s’agit de scinder une maison unifamiliale en deux logements autonomes mais pas séparés pour autant : le rez-de-chaussée est occupé par la ou les personnes en perte d’autonomie, alors que les étages le sont par un jeune ménage ou un étudiant. La solidarité, le partage et l’entraide entre les générations sont ici de mise. Les modalités d’occupation sont à convenir entre les parties, avec l’encadrement d’un service tiers que la commune assurerait.
En Alsace, du logement public est aussi construit selon ce principe. Nous voulons nous en inspirer et organiser la création de ce type de logements par notre société de logements public.
Enfin, nous voulons que la commune permette une subdivision officielle du logement pour éviter la perte de droit et de tomber sous le statut de cohabitant. À Ottignies, le conseil communal s’est prononcé en faveur d’un contrat de commodat (contrat entre deux parties où l'une livre une chose à l'autre afin que cette dernière s'en serve) pour les candidats au logement Kangourou. Grâce à celui-ci, la maison sera divisée temporairement et comportera un sous-numéro. Ainsi, la personne accueillie n’entrera pas dans la composition de ménage de celle qui l’accueille. Cette expérience peut inspirer notre Ville également.
Trois. Participation et communication
- Nous mettons sur pied un projet de politique locale des seniors au niveau de la Ville et prévoyons suffisamment de moyens d’action pour le conseil communal consultatif des aînés. Celui-ci doit être mieux ancré dans les quartiers.
- Dans l’offre de services de la Ville, nous misons sur le soutien aux citoyens non digitalisés : dans les zones self-service des guichets, nous offrons de l’aide et nous conservons la prestation de services téléphoniques et par papier.
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Nous mettons sur pied un projet de politique des personnes âgées pour la ville et les quartiers et prévoyons suffisamment de moyens pour le conseil communal consultatif des aînés. Les choix politiques doivent tenir compte du nombre de personnes âgées à Verviers . En 2022, la population de plus de 60 ans représentait 24,6 % de la population. Nous élaborons un projet politique des personnes âgées qui donne un aperçu pour les six ans à venir des choix stratégiques et des projets concrets de l’administration communale en matière de politique des seniors. Ce projet, nous l’élaborons en collaboration avec le conseil communal consultatif des aînés et nous le soumettons aux seniors des quartiers.
Dans les services communaux, nous misons sur le soutien aux citoyens non digitalisés : dans les zones self-service des guichets, nous offrons de l’aide et nous conservons une prestation de services téléphonique et papier. Du personnel de la Ville doit être mis à disposition pour ça avec une approche particulière en la matière.
Quatre. Mobilité, espace public de qualité et sécurité
- Nous prévoyons suffisamment de lignes de bus et de trams, de façon à ce que tout senior ait un arrêt à distance convenable. Nous interdisons la suppression d’arrêts de bus près des centres de services.
- Pour tous les plus de 65 ans, nous prévoyons également des chèques taxis.
- Nous investissons davantage dans des pistes cyclables. Nous améliorons l’accessibilité des bâtiments et services communaux. Nous prévoyons suffisamment de bancs de repos avec dossiers dans l’espace public.
- Une attention particulière, avec du personnel communal dédié à cet effet, est portée sur la sécurisation des cheminements piétons de notre ville. Verviers doit rendre ses voiries piétonnes beaucoup plus sûres.
- Nous veillons à un bon éclairage public, améliorons ainsi le contact social et faisons régresser le sentiment d’insécurité.
- Grâce à des visites régulières de l’agent de quartier aux activités des maisons intergénérationnelles et aux maisons de seniors, nous améliorons la familiarisation des seniors avec leur police de proximité.
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Nous prévoyons suffisamment de lignes de bus, de façon à ce que tous les seniors aient un point d’embarquement à une distance accessible à pied. Nous interdisons la suppression des arrêts de bus près des centres de services. Les mesures d’économies des TECs, la suppression de lignes de bus dans certains quartiers : tout cela touche énormément les seniors. Pour les plus de 65 ans, nous prévoyons également la mise en place d’un système de chèques taxis.
Nous aménageons plus de pistes cyclables et de voies piétonnes, qui sont également rendues plus sûres. Les piétons sont les grands oubliés des autorités communales. On ne compte plus les passages pour piétons mal entretenus, décolorés ou mal éclairés. Les trotoires encombrés, impraticables, les cheminement non signalés, des rues entières plongées dans le noir par intermittence, des chantiers non sécurisés,...
Nous voulons aussi garantir la sécurisation et signalisation de chaque chantier de la ville pour que les travaux ne riment plus avec accidents. Se déplacer à pied à Verviers est un véritable parcours du combattant, et est même véritablement dangereux. L. Nous venons de vivre des années dangereuses en tant qu’usagers vélo ou piétons. Pourtant, c’est bien de la responsabilité du bourgmestre que d’assurer la signalisation et la sécurisation des chantiers. Il est le chef de la police.
Nous améliorons l’accès aux bâtiments et aux services de la Ville. Nous prévoyons suffisamment de bancs avec dossiers dans l’espace public. Nous veillons à ce qu’il y ait un bon éclairage public, stimulons ainsi le contact social et réduisons le sentiment d’insécurité. Par des visites régulières de l’agent de quartier aux activités des associations de seniors et aux centres de service, nous améliorons la familiarisation des seniors avec les agents de quartier.
Cinq. Culture, continuer d’apprendre, se détendre et lutter contre la solitude
- Au niveau de la ville ou des quartiers, nous veillons à ce qu’il existe des initiatives culturelles et de détente et soutenons au maximum les associations de seniors.
- Les seniors ont droit à la détente et aux rencontres. Nous prenons des initiatives pour prévenir la solitude des seniors, la détecter et la combattre.
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Pendant la période du COVID et du confinement, nous avons vu à quel point il était important pour les seniors de garder des activités culturelles, sociales,... et que nombre de personnes vivant dans les maisons de repos ont vu leur santé physique et mentale décliner par ces manques sociaux et affectifs.
Nous veillons à ce qu’il existe une offre suffisante d’initiatives culturelles et de détente, aisément accessibles pour les seniors, et nous soutenons au maximum les associations de seniors. L’accès à la culture joue un rôle important pour vieillir en restant actif et utile. Pour les personnes âgées, c’est une source d’expression et de sens et cela a aussi un impact positif sur la santé physique, le bien-être psychique et la cohésion sociale. Ce qui joue particulièrement un rôle irremplaçable comme lien social, ce sont les associations de personnes âgées.
Les seniors ont droit à de la détente et à des rencontres. Nous prenons des initiatives pour prévenir la solitude chez les personnes âgées, pour la détecter et la combattre. Nous soutenons les associations de seniors dans leur rôle tampon contre la solitude. Elles méritent d’obtenir le soutien nécessaire à cela. Nous soutenons les associations de seniors matériellement et en logistique lors de l’organisation d’activités culturelles et de loisirs : nous accordons des subsides, prêtons du matériel et mettons des locaux à disposition.
La Ville doit également prendre des initiatives pour prévenir et détecter la solitude. Nous soutenons les ASBL qui offrent des sorties culturelles entre autres aux aînés. Il y a beaucoup de précarité chez les seniors. Nous sommes attentifs à l’accessibilité financière des événements, musées, expositions et activités de loisirs en général.